Les volontaires de Maât proposent le week-end à Paris et en région parisiennes des sorties culturelles et sportives pour les mineur.e.s isolé.e.s. Le temps d’un après-midi, il s’agit de s’aérer l’esprit, de faire des découvertes, de voir du beau, d’échanger des idées, de partager son avis et ses expériences. A l’issue des activités, les jeunes et les bénévoles partagent toujours un goûter, une boisson, parce que l’échange des ressentis, le partage des idées est essentiel.
En parallèle de ces activités d’une journée, Maât porte des projets qui se développent sur plusieurs mois, qui permettent de créer des liens plus solides au sein d’un groupe, de faire collectif et de réaliser une oeuvre collective, d’apprendre ensemble.
La culture : découvrir, se rencontrer, reprendre une respiration
L’art est moyen de libérer des émotions, il est un lieu d’échange et de rencontre avec une oeuvre et avec autrui, il est une façon de s’ouvrir à la nouveauté et à la différence.
Nous avons ainsi créé des partenariats avec de nombreux musées parisiens : le quai Branly, le Louvre, la Cité de la musique, le Palais de Tokyo, le Maïf social club. Mais il ne s’agit pas seulement de donner à voir, il s’agit aussi de donner à entendre et à vivre aux jeunes. Iels apprécient ainsi de rencontrer des musiciens à la Cité de la musique, d’assister à un concert à la Philharmonie, au théâtre des Champs Elysées, au théâtre de Chaillot, ou à la fête de la musique.
Le sport : le rapport aux autres, à soi et à son corps
Maât propose aux jeunes également des activités sportives à Paris le week-end, en partenariat notamment avec les associations Kabubu, UP-Sport et Cimes 19. C’est l’occasion pour les jeunes de créer du lien, de s’évader et de se rencontrer autour d’un tournoi de foot, d’une matinée à grimper sur le mur d’escalade, d’une randonnée à vélo.
Le sport est aussi une façon de se reconnecter avec soi, avec son corps, de recréer un lien de confiance avec les autres, et de s’ancrer dans le monde. C’est se laisser aller à sa vulnérabilité, parce tout à coup sauter dans le vide devient possible : « en escalade, on ne tombe pas, on vole », dixit Ricardo, encadrant professionnel de l’activité escalade.
Un atelier à la BPI pour apprendre ensemble
La Bibliothèque Publique d’Information (BPI) du Centre Pompidou est depuis quelques temps devenue, un peu malgré elle, un lieu de vie au quotidien pour les jeunes MNA de Paris : c’est un lieu en libre accès, chauffé, avec des prises pour charger son téléphone, on y retrouve ses ami.e.s et connaissances… Mais ces jeunes ont besoin de tout, et surtout ont soif d’apprendre : iels veulent aller à l’école, apprendre à écrire, à mieux parler, savoir lire, comprendre le système français. Et iels ont tant à partager de leur culture, leur vécu !
Depuis 2023, Maât intervient tous les lundis après-midis pour leur proposer un atelier de lecture-écriture. C’est l’occasion de reprendre des bases de grammaire française, d’apprendre à soigner sa calligraphie, mais c’est aussi l’occasion d’échanger sur nos cultures respectives : comment cuisine-t-on les haricots en Guinée ? Qu’est-ce que la démocratie ?
Un atelier théâtre pour s’exprimer et porter des voix silenciées
En 2023-2024, Maât a porté un atelier de découverte de la pratique du théâtre, encadré par Ema, une étudiante bénévole, la Fondation Art Explora, ainsi que Christian Gonon, sociétaire à la Comédie Française. Cet atelier a été proposé à un groupe de jeunes mineur.e.s non accompagné.e.s de Maât, ainsi qu’à un groupe de jeunes issus de milieux populaires accompagnés par l’association Article 1, engagée pour l’égalité des chances.
Pendant plusieurs semaines, les jeunes des deux associations ont découvert le théâtre au travers d’exercices divers, travaillant de leurs corps et de leurs voix, et façonnant une prestation centrée autour d’un texte de leur choix. Faisant troupe autour du projet, les participant.e.s ont ainsi pu gagner en confiance et faire dialoguer leurs extraits dans une mise en scène collective.
Si l’éventail de possibilités qui leur étaient offertes était large : poème, chanson, discours, extrait de film, … Tous les jeunes de Maât ont choisi d’écrire leur propre texte, s’investissant ainsi dans le projet de façon très personnelle. Iels ont saisi cet espace de parole et d’expression qui leur était offert pour parler de leur parcours, et faire entendre leur voix, la voix des sans-voix, de tou.te.s ces jeunes isolé.e.s, dans une situation extrêmement précaire et sont la prise en charge est tout à fait défaillante.
Cet atelier s’est conclu par une répétition générale le 30 juin, permettant aux deux groupes de se rencontrer, et par une représentation unique au Consultat Voltaire le 4 juillet, un lieu de création artistique et hybride qui nous accueille pour l’occasion, qui a été l’occasion de libérer un espace d’écoute pour la parole sans cesse étouffée de ces jeunes.