Début de l’atelier Arts martiaux vietnamiens

La justice, on la trouve à l’atelier arts martiaux. Elle nous inspire et elle donne son nom à l’association. Avec Frédéric, on apprend à recevoir un coup et à se défendre. Comme le montre Elsa Dorlin, quand la loi ne nous défend plus, il faut revenir au muscle, travailler nos réflexes. Rendre le coup ne signifie pourtant pas céder à la violence, c’est rétablir la frontière de son corps, faire respecter ses limites, rétablir une relation équitable avec autrui. La Halte, partenaire très précieux de Maât, a la générosité de mettre à notre disposition une salle le samedi après-midi, pour cet atelier qui suscite le grand enthousiasme des jeunes.

Maât vous envoie son énergie, celle de la déesse qui lui donne son nom, celle des volontaires, celle des jeunes. Maât vous envoie ses projets, son espoir, parce que c’est ensemble, dans la solidarité et l’échange, que l’on pourra faire face au contexte difficile et construire un monde plus juste. Mais on doit bien avouer aussi, que comme Marielle Macé, on a bien conscience que

le seul fait de dire notre grand besoin d’air, ou de se l’entendre dire, des fois ça nous suffoque ; on s’époumone à vouloir respirer, à avoir à le demander, et le rendez-vous de la parole, comme de la pensée, avec l’état intoxiqué du monde suffit parfois à consumer les parlants. Ici comme ailleurs, se défendre c’est prendre le risque de s’épuiser encore un peu plus ?

Reprise des séjours à Tourteron

La paix, on la trouve à Tourteron. Les séjours reprennent bientôt, nous allons aussi bientôt entreprendre des travaux d’isolation pour continuer d’accueillir les jeunes dans de bonnes conditions. Ce lieu refuge permet aux jeunes de couper de leur quotidien marqué par l’urgence et la crainte. A Maât, nous sommes depuis toujours fermement convaincu.e.s que le vivre ensemble s’imagine avant tout autour d’une table dans la cuisine, la bêche à la main au jardin, autour de l’arbre à Palabre ou au coin du feu avec une tisane. Dans la maison, les jeunes peuvent se ressourcer. S’abriter, se reposer, se nourrir, créer, communiquer, partager.

Des étoiles dans les yeux

La joie, on la trouve au spectacle. “La beauté touche les sens et le beau touche l’âme”. Dans des genres très différents, les jeunes sont émerveillés tant par la battle de streetdance à la fondation EDF que par le cirque Fratellini et son magnifique spectacle Antigone au  Point Fort d’Aubervilliers.

Lancement de l’atelier natation

Marielle Macé  a raison, « Tout le monde le sait, le sent : on manque d’oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies. »

Mais avec Maât, l’oxygène, on le trouve paradoxalement à la piscine, “ l’apesanteur, l’eau, le silence, le plaisir de l’adresse, cette chose très simple du sport, cet usage de soi”. Apprendre à nager pour les jeunes, c’est apprendre à respirer autrement, à s’approprier le milieu aquatique, à se réapproprier son corps, ses muscles, son équilibre, sa pesanteur.  Aragon voyait déjà la piscine municipale comme un lieu de “dépaysement secret”, où en quittant ses vêtements et en plongeant dans l’eau, on se défait des conventions sociales, des préoccupations et du poids de la vie. Pour les jeunes accompagné.e.s par Maât, l’activité piscine est en effet un moment de bonne humeur et de fous rires. Nous remercions vivement Eddie notre maître nageur, qui accueille les jeunes et les accompagne dans leur apprentissage de la natation par différents jeux et activités.

Maât toujours debout, malgré un contexte difficile

Nous vous avions laissé en décembre dernier, avant les fêtes de fin d’année, sur la perspective de fêtes de fin d’année, le Noël pour tou.te.s organisé en coopération avec plusieurs associations de quartier du 11ème arrondissement. Le moment a été très joyeux, il est important de prendre le temps de se retrouver !

Nous aimerions vous dire que “Paris est une fête” de tous les jours, mais la poésie d’Hemingway n’est malheureusement pas au goût du jour pour les jeunes.

Ces dernières semaines ont été marquées par l’évacuation de la Gaîté lyrique. Une grande partie des jeunes accompagné.e.s par Maât étaient hébergés, de façon très précaire, dans ce centre culturel du 3ème arrondissement, occupé depuis le 10 décembre. Le lieu a finalement été évacué par les forces de l’ordre le mardi 18 mars, et pas sans heurt : matraques et gaz lacrymogènes étaient au rendez-vous – on ne s’en étonne même plus -, 46 personnes, jeunes et militant.e.s, ont été interpellées par la préfecture de police. Cette évacuation a des conséquences massives, plus de 400 jeunes étaient sur place, or moins d’une dizaine a été accompagnée vers des solutions alternatives d’hébergement.

La préfecture en appelle à la sécurité des lieux, quid de celle de ces jeunes mineur.e.s désormais abandonné.e.s à la précarité de la rue ?..

Depuis le 2 mars également, les jeunes n’ont plus accès à cette ressource et ce lieu-repère qu’est la BPI, la bibliothèque du Centre Pompidou. Maât, aux côtés d’autres associations, avait investi les lieux depuis plus d’un an, en y mettant en place un atelier hebdomadaire de lecture, d’écriture et de jeux. Les jeunes avaient leurs habitudes en ce lieu, iels y retrouvaient des personnes de confiance, des activités régulières, ils y disposaient d’un accès à un lieu chauffé et confortable, à des ordinateurs et à des livres et bandes dessinées. Cette fermeture était prévue depuis plusieurs mois et est due à des travaux de rénovation et de désamiantage du bâtiment, mais elle tombe au pire moment pour les jeunes.

Maât poursuit évidemment ses projets et les sorties avec les jeunes malgré tout cela. Le contexte s’est durci, il est désormais difficile pour les jeunes de se déplacer, les contrôles dans les transports sont de plus en plus fréquents. Une respiration, une bouffée d’air est plus que jamais nécessaire. Et on ne peut que relire Marielle Macé :

« Tout le monde le sait, le sent : on manque d’oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies. C’est presque devenu notre condition naturelle, la caractéristique d’environnements à peu près partout intoxiqués ; notre condition politique aussi, traversée de violences et de mépris ; notre condition sociale (nos conditions sociales si différentes plutôt) dans un temps de sauvagerie du capital et de brutalités publiques ; notre condition psychique même : l’essoufflement qui découle de nos “si violentes fatigues”, la tête dans le guidon, et de ce que cela coûte de s’ajuster à un monde en surchauffe. Un monde où les crises se succèdent, roulent en avalanche sans laisser le temps de reprendre haleine et d’ouvrir franchement la fenêtre aux poumons. »

Noël pour tou.te.s

Maât a le plaisir de participer à l’organisation de la fête « Noël pour tou.te.s », organisée le 14 décembre par différentes associations du quartier de Bastille du 11ème arrondissement. Les volontaires de Maât organisent le matin un atelier pâtisserie avec un groupe des jeunes accompagné.e.s par Maât et les jeunes de Maât participeront également à l’installation de la fête. Vous qui nous suivez et nous soutenez êtes tou.te.s les bienvenu.e.s pour déguster les préparations des jeunes, et pour un moment de retrouvailles, de partage et de solidarité !

Rencontre avec Nathalie

Aujourd’hui, nous avons le plaisir de vous présenter Nathalie, une artiste que nous avons rencontrée à Tourteron. Ses tableaux et les poèmes de son recueil Juste un regard atypique ont particulièrement touché les jeunes de Maât.
La poésie de ses créations nous a donné l’occasion d’aborder les thèmes de la diversité et de la différence qui font notre richesse et qui façonnent notre manière de percevoir le monde.

Un pays de papier : projection-débat au bar commun

L’association Astérya organise le 27 novembre 2024 à 19h la projection du film documentaire de Marion Boé, Un pays de papier qui aura lieu au Bar commun, dans le cadre de l’initiative des Cinés Envie d’Agir. Maât participera au débat qui suivra le projection aux côtés des associations Utopia 56 et Droit à l’école.

Le film suit l’avocate rennaise Mélanie Le Verger, engagée depuis de longues années auprès des mineurs non accompagnés. La documentariste Marion Boé a planté sa caméra dans son cabinet et assiste aux entretiens. Les jeunes exilés expliquer leur situation, comment ils ont fui leur pays, la violence, le mariage forcé. L’avocate, et derrière elle la réalisatrice, et après elle le spectateur écoute le récit de leur trajectoire douloureuse, de leur arrivée, de la cruauté du quotidien… Ils se retrouvent parfois à la rue, on ne les reconnait pas comme « mineurs », ils ne sont pas pris en charge… Et rien n’est fait dans ce « pays de papier » pour les accueillir, leur venir en aide… C’est alors tout le travail de l’avocate d’obtenir l’acte de naissance, d’aller voir le juge, de rassurer, d’être à l’écoute. Pour elle, les découragements peuvent être nombreux, mais les convictions et les engagements sont tenaces, et peuvent mener à des victoires. Parce que parmi tous les jeunes qui sont venus la voir, qu’elle a accompagné, il est aussi des destins heureux.

Les Cinés Envie d’Agir est une initiative de l’association Astérya qui entend à la fois proposer de partager le visionnage d’un film engagé et profondément humain, ouvrir à la discussion sur un sujet de société, et mettre en avant des associations qui œuvrent tous les jours sur le terrain et s’engagent pour un monde plus humain, portant un projet de société plus juste et fondé sur le lien.

Ce sera donc aussi l’occasion pour Maât de faire entendre ce que les jeunes accompagné.e.s traversent au quotidien, et d’échanger à propos des façons de s’engager à nos côtés.

La projection est gratuite et ouverte à tou.te.s. Le rendez-vous est à 19h au Bar commun, 135 rue des Poissonniers, dans le 18ème arrondissement. Venez nombreux.ses !

Un été très riche !

Cet été a vu l’annulation de tous les week-ends à Touteron à partir de mi-juillet à cause des jeux olympiques… Mais les jeunes étaient toujours à Paris, et toujours en demande de sorties et d’activités, il n’était pas question de les laisser tomber !

Progressivement et avec prudence, nous avons mis en place davantage de sorties à Paris, pendant les week-end et en semaine : musée de la libération de Paris, centre culturel coréen, exposition de street art « We are here » au Petit Palais, grande galerie de l’évolution du museum d’histoire naturelle, exposition « Paris ! » à l’hôtel de ville… Un été parisien très riche, pour les jeunes et pour les volontaires !

Zoom : le musée de la libération de Paris et le bunker du colonel Rol-Tanguy

La visite du musée de la libération de Paris a été l’occasion pour les jeunes de découvrir une période très dure de l’histoire de France, et ses personnalités : Jean Moulin, héros de l’unification de la résistance, « vraiment un grand homme » nous dit Ahmed, le général Leclerc qui organise la résistance en Afrique équatoriale, parce que « sans cette armée venue d’Afrique par la mer, ni la France ni Paris n’auraient été libérées » souligne Faustinus. Mais 39-45, c’est aussi les heures sombres de l’histoire de France : la collaboration du maréchal Pétain, la rafle du Vel d’Hiv organisée par le préfet de police de Paris. Les jeunes dont émus et touchés des photos des bombardements et des destructions, ils découvrent les tickets de rationnement et l’exode, des familles entières qui prennent la route sur des charrettes, emportant ce qu’ils peuvent. Un constat d’autant plus douloureux que si destruction et exil épargnent actuellement les Français.e.s de métropole, la guerre fait des ravages dans de nombreux pays dans le monde, et les exilé.e.s ne sont pas mieux accueilli.e.s qu’à l’époque, bien au contraire. « C’est difficile, mais c’est important et intéressant » disent-ils, « ce sont des leçons pour l’avenir ». La visite du musée s’achève 20 mètres sous terre – et les jeunes font la course dans les escaliers – au poste de commandement de colonel Rol-Tanguy, le bunker à partir duquel a été orchestrée la libération de Paris ! Les jeunes sont invités à participer à un jeu de piste en réalité virtuelle, se mettant dans la peau d’un journaliste qui doit recueillir des informations pour un journal clandestin, et tous s’en sortent très bien. On finit la journée au parc avec un bon goûter. Vive le chocolat !

Représentation de la pièce « Seul.e Ensemble » au Consulat

Parce que l’art est moyen d’expression fondamental, parce qu’il est thérapeutique et libérateur, parce qu’il est un lieu d’échange et de rencontre avec autrui, parce qu’il est un moyen de se retrouver, de reconnecter avec ses émotions et d’accepter sa vulnérabilité, il est au coeur des activités de Maât depuis toujours.

Depuis plusieurs mois, Maât est porteuse d’un atelier de découverte de la pratique du théâtre. Porté par Ema, une étudiante bénévole, la Fondation Art Explora, ainsi que Christian Gonon, sociétaire à la Comédie Française, cet atelier a été proposé à un groupe de jeunes mineur.e.s non accompagné.e.s de Maât, ainsi qu’à un groupe de jeunes issus de milieux populaires accompagnés par l’association Article 1, engagée pour l’égalité des chances.

Pendant plusieurs semaines, les jeunes des deux associations ont découvert le théâtre au travers d’exercices divers, travaillant de leurs corps et de leurs  voix, et façonnant une prestation centrée autour d’un texte de leur choix. Faisant troupe autour du projet, les participant.e.s ont ainsi pu gagner en confiance et faire dialoguer leurs extraits dans une mise en scène collective.

Si l’éventail de possibilités qui leur étaient offertes était large : poème, chanson, discours, extrait de film, … Tous les jeunes de Maât ont choisi d’écrire leur propre texte, s’investissant ainsi dans le projet de façon très personnelle. Iels ont saisi cet espace de parole et d’expression qui leur était offert pour parler de leur parcours, et faire entendre leur voix, la voix des sans-voix, de tou.te.s ces jeunes isolé.e.s, dans une situation extrêmement précaire et sont la prise en charge est tout à fait défaillante.

Nous vous invitons à découvrir le travail des deux groupes lors d’une unique représentation, occasion d’une rencontre entre deux jeunesses précaires et silenciées. Rendez-vous le 4 juillet prochain, de 19h à 21h au Consulat Voltaire, un lieu de création artistique et hybride qui nous accueille pour l’occasion. Nous vous proposons de libérer un espace d’écoute pour la parole sans cesse étouffée de ces jeunes.

Pour réserver vos places, c’est par ici : https://www.billetweb.fr/projet-theatre-seul-e-ensemble !