Nous vous avions laissé en décembre dernier, avant les fêtes de fin d’année, sur la perspective de fêtes de fin d’année, le Noël pour tou.te.s organisé en coopération avec plusieurs associations de quartier du 11ème arrondissement. Le moment a été très joyeux, il est important de prendre le temps de se retrouver !

Nous aimerions vous dire que “Paris est une fête” de tous les jours, mais la poésie d’Hemingway n’est malheureusement pas au goût du jour pour les jeunes.
Ces dernières semaines ont été marquées par l’évacuation de la Gaîté lyrique. Une grande partie des jeunes accompagné.e.s par Maât étaient hébergés, de façon très précaire, dans ce centre culturel du 3ème arrondissement, occupé depuis le 10 décembre. Le lieu a finalement été évacué par les forces de l’ordre le mardi 18 mars, et pas sans heurt : matraques et gaz lacrymogènes étaient au rendez-vous – on ne s’en étonne même plus -, 46 personnes, jeunes et militant.e.s, ont été interpellées par la préfecture de police. Cette évacuation a des conséquences massives, plus de 400 jeunes étaient sur place, or moins d’une dizaine a été accompagnée vers des solutions alternatives d’hébergement.
La préfecture en appelle à la sécurité des lieux, quid de celle de ces jeunes mineur.e.s désormais abandonné.e.s à la précarité de la rue ?..
Depuis le 2 mars également, les jeunes n’ont plus accès à cette ressource et ce lieu-repère qu’est la BPI, la bibliothèque du Centre Pompidou. Maât, aux côtés d’autres associations, avait investi les lieux depuis plus d’un an, en y mettant en place un atelier hebdomadaire de lecture, d’écriture et de jeux. Les jeunes avaient leurs habitudes en ce lieu, iels y retrouvaient des personnes de confiance, des activités régulières, ils y disposaient d’un accès à un lieu chauffé et confortable, à des ordinateurs et à des livres et bandes dessinées. Cette fermeture était prévue depuis plusieurs mois et est due à des travaux de rénovation et de désamiantage du bâtiment, mais elle tombe au pire moment pour les jeunes.
Maât poursuit évidemment ses projets et les sorties avec les jeunes malgré tout cela. Le contexte s’est durci, il est désormais difficile pour les jeunes de se déplacer, les contrôles dans les transports sont de plus en plus fréquents. Une respiration, une bouffée d’air est plus que jamais nécessaire. Et on ne peut que relire Marielle Macé :
« Tout le monde le sait, le sent : on manque d’oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies. C’est presque devenu notre condition naturelle, la caractéristique d’environnements à peu près partout intoxiqués ; notre condition politique aussi, traversée de violences et de mépris ; notre condition sociale (nos conditions sociales si différentes plutôt) dans un temps de sauvagerie du capital et de brutalités publiques ; notre condition psychique même : l’essoufflement qui découle de nos “si violentes fatigues”, la tête dans le guidon, et de ce que cela coûte de s’ajuster à un monde en surchauffe. Un monde où les crises se succèdent, roulent en avalanche sans laisser le temps de reprendre haleine et d’ouvrir franchement la fenêtre aux poumons. »